L'extrait du jour "Walter Closet, le grand patron

L'extrait du jour

"Walter Closet, le grand patron de Cap Carnaval qui avait délaissé depuis peu les studios de télévision, aurait bien voulu se gratter les cheveux, tellement ses nerfs étaient à bout de nerfs. Malheureusement il était aussi chauve que le mont du même nom depuis que sa femme l'avait quitté pour le fringant commandant de Roubignol IV. Aussi, se contenta-t-il d'extraire de son nez quelques menus copeaux pour en faire une boulette.

-         Mais où est donc passé cet abruti d'Emile ?

Les recherches n'avaient rien donné. Emile Bourricot avait purement et simplement disparu. Volatilisé. Chaque recoin du vaisseau avait été scrupuleusement passé au râteau, puis au peigne fin et même au peigne à bœufs par les caméras embarquées.

-         Ici Rouston, Bourriqueur I, répondez !

L'appel maintes fois répété ne suscitait aucune réaction, hormis un vrombissement sourd que Cap Carnaval attribua tout d'abord à la combustion de la chaudière à charbon du bord.

Walter Closet n'aimait pas la tournure que prenaient les événements. En homme d'action qu'il était, formé aux situations d'urgence, il lui fallait réagir sans retard en mettant en œuvre la phase 1 du plan Putois prévu dans les situations critiques à la page 64 du manuel de dépannage des vols sidéraux.

-         Enclenchez le plan Putois ! s'entendit-il dire, rompant le silence de cathédrale qui régnait dans la salle de contrôle.

Le plan Putois consistait à commander le décrochement de boules puantes fixées au plafond de la capsule et qui répandaient une odeur totalement insupportable pour tout être humain civilisé et normalement constitué. La réaction était donc immédiate même sur un agonisant. Les tests effectués au laboratoire de Rouston V avaient d'ailleurs prouvé son efficacité puisque l'ensemble de la base avait dû être évacué à la suite d'une maladresse de la femme de ménage qui avait confondu un flacon de Putois avec de l'eau de javel.

-         Ici Rouston V, Bourriqueur I, répondez !

Rien, désespérément rien. Et toujours ce ronflement qui résonnait dans les haut-parleurs comme un glas sépulcral et sinistre.

A Cap Carnaval, la tension était à son comble. Walter Closet avait depuis longtemps épuisé les ressources de son nez et s'était rabattu sur son oreille droite. Il contemplait maintenant avec un profond scepticisme le dépôt de cérumen sur son auriculaire et l'écran de l'oscilloscope magnético sensoriel qui transmettait les ronflements de la capsule. Depuis 4 minutes que le plan Putois avait été déclenché, rien n'avait bougé. Ce qui était proprement inconcevable compte tenu de la concentration des boules puantes. Il devenait impératif d'engager au plus vite la phase 2 de l'opération de sauvetage.

Tout en transmettant ses directives aux 300 spécialistes pendus à ses lèvres, W.C, comme le surnommait affectueusement son personnel ne cessait de se répéter :

-         Mais nom de D… où a bien pu passer cet âne de Bourricot ?"

Extrait

Emile B.

Mission Mayburn