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4 octobre 2007

Parole d'âne . Lettre ouverte aux empêcheurs de

Parole d'âne

.

Lettre ouverte aux empêcheurs de parler en rond

 

Vu de mon enclos, il est surprenant de constater à quel point les mots prennent le pas sur les actes, surtout lorsqu’ils sont détournés de leur sens littéral ou de leur contexte. L’actualité, répercutée par les médias omniprésents dans notre quotidien nous en donne des exemples fréquents. Le moindre commentaire sur un événement passé ou actuel peut prendre des proportions insoupçonnables et force est de constater qu’il devient périlleux d’émettre une opinion ou de lâcher un mot de travers à notre époque, tel que « guerre », « faillite » sans même aller jusqu’à la « bravitude ». A tel point que certains vocables, usités naguère dans le langage courant sont peu à peu perçus comme politiquement « incorrects », discriminatoires, voire insultants ou blasphématoires pour les uns ou pour les autres. Quand on constate que l’évocation d’un simple nettoyeur haute pression peut mettre un pays à feu et à sang, il devient urgent de concevoir un dictionnaire des mots, marques, slogans, lieux, aphorismes et autres formules prohibées dans notre vieille langue française.

 

Songez qu’une expression courante comme « Les gars, je suis beurré comme un âne! » lâchée dans un lieu public est pratiquement passible de la correctionnelle, et vous comprendrez que votre existence risque de virer rapidement au cauchemar si vous devez retourner 7 fois votre langue française avant de l’ouvrir. Car il faut bien avoir conscience qu’en disant cela, vous risquez une protestation du syndicat des beurriers normands, un avertissement de la Halde, de même qu’une vilaine plainte des Alcooliques Anonymes, de B.B et de la S.P.A. Sans compter les esprits grincheux qui pourraient mal interpréter vos propos et vous agonir de braiments ou vous botter sans sommation. Soyons donc prudents et attendons que nos académiciens nous fournissent des équivalences nous mettant à l’abri des poursuites judiciaires et autres menaces de mort. Dès lors, nous pourrons sans crainte dire « Les gars, je suis tartiné comme un ongulé du Poitou à poils longs et à grandes oreilles! » (ce qui ne va pas nous faire gagner du temps, convenons-en.)

 

Il est vrai comme le soulignait Aldous Huxley dans « Le Meilleur des Mondes » que « Les mots peuvent ressembler aux rayons X …et qu’ils transpercent n'importe quoi. », et que « les mots sont la plus puissante drogue utilisée par l'humanité » selon Rudyard  Kipling. D’aucuns, notamment en politique, sont passés maîtres dans l’art de les triturer et de les accommoder. Certes, mais si les mots sont capables d’influencer les esprits ou d’altérer plus ou moins gravement l’âme ou la susceptibilité,  ils n’ont pas les effets induits d’une bombe à perforation ou d’une ligne de cocaïne quotidienne. Les mots, même s’ils sont maladroits, ne sont que des mots destinés avant tout à l’échange et au dialogue et il conviendrait de ne pas leur attribuer une importance qu’ils n’ont pas, au risque de perdre notre liberté d’expression que nos prédécesseurs ont mis tant de temps à acquérir. Ce serait bougrement fâcheux pour nos démocraties. Le pratiquant lambda de la langue française n’est pas non plus responsable des détournements qu’elle a pu subir. Ainsi un « couillon » n’est rien d’autre qu’un petit tapon d’étoupe servant à tendre la voile d’un bateau. Rien de plus. Parole d’âne.

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F
Je ne savais pas que ton âne s'appelait Lulu
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  • L’actualité nationale, internationale et tristement quotidienne agrafée et commentée par Emile Bourricot, anthropologue de l’ânerie universelle, connaisseur en balais et montreur de vaches à bisous.
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